Une réforme des retraites, pour quoi faire ? Episode 1: pour renforcer la répartition

Les français sont très attachés à la répartition. La retraite par répartition est un des volets de la sécurité sociale, issue du programme du Conseil National de la Résistance après la seconde guerre mondiale. Il s’agissait de fonder un « pacte social », pour protéger les citoyens « du berceau à la tombe » et de lutter contre la pauvreté, notamment la pauvreté des personnes âgées.

La répartition est ainsi le symbole de la solidarité inter générationnelle : les retraités ont pu immédiatement percevoir des pensions. En cotisant, les actifs s’assurent d’en avoir une aussi le moment venu.

Cependant certaines professions (chemin de fer, mines, énergie…) et certaines catégories (cadres, professions libérales) n’ont pas souhaité rejoindre ce pacte social : certains ont préféré garder leur régime professionnel préexistant, d’autres ont refusé de se voir « mélanger avec les salariés ».

Par ailleurs, les fonctionnaires ont été les premiers a bénéficié non pas d’une retraite, mais d’une pension, pour les marins de la Royale sous Louis XIV, puis progressivement pour tous les fonctionnaires. Elle est la prolongation de leur statut, et financée par l’impôt depuis Napoléon III pour la fonction publique d’Etat !

L’ambition universelle du régime s’est donc trouvée contrariée dès la naissance des régimes par répartition. Cette entorse n’est pas seulement problématique du point de vue des principes et de l’équité…

En répartition, ce sont les salaires versés aujourd’hui qui financent les retraites payées aujourd’hui. En contrepartie les salariés d’aujourd’hui ont un « droit de tirage » sur les salaires des futurs actifs…

Pour que le régime soit viable et les pensions versées d’un bon niveau, on voit bien qu’il faut que les actifs soient suffisamment nombreux et les salaires suffisamment élevés pour supporter le paiement des retraites…  or dans un régime strictement professionnels, les activités fluctuent, l’emploi aussi. Si une profession disparait… qui paiera les retraites des anciens salariés de ces professions ? il suffit de penser aux mineurs pour comprendre que ce ne sont pas les mineurs d’aujourd’hui qui paient les pensions des retraités des mines et de leurs veuves…

Dis autrement, la répartition n’est viable que sur une base démographique large (à l’échelle d’une nation) et interprofessionnelle (pour neutraliser les effets destructions/créations d’activités).

Dis encore autrement : un « régime spécial par répartition » c’est un oxymore ! Si on veut vraiment défendre la répartition, il faut plaider pour un régime universel, seul garant de l’avenir pour des générations et des générations…

Ce qui ne signifie pas que certaines activités, pénibles par exemple, ne nécessitent pas l’attribution de droits spécifiques… c’est tout à fait possible dans un régime universel si on en décide collectivement.

Un régime par répartition n’est viable à long terme que sur une base démographique large (idéalement tous les actifs d’un pays). C’est cette base démographique qui garantit la soutenabilité du système, quelles que soient les transformations des activités et des métiers. Un régime ou participerait l’ensemble des actifs renouerait avec l’ambition de solidarité de l‘après-guerre en renforçant la répartition, et correspondrait pleinement aux enjeux actuels de transformation des activités.

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