« La retraite par points, c’est le travail sans fin » ?

La formule a fait flores.

Elle vise à faire croire que le projet de réforme des retraites pour un régime unique en points va déconstruire notre modèle social, et amoindrir les droits des futurs retraités.

Finement joué en termes de com… mais faux !

D’abord le modèle social français n’est pas remis en cause mais au contraire réaffirmé : le principe de la répartition sera renforcé dans un régime unique assis sur la participation d’un très grand nombre de travailleurs quel que soit leur statut.

Ensuite, saisir l’occasion d’un large débat citoyen pour remettre les règles à plat, les rendre plus claires et plus justes, ne peut que redonner confiance aux futures générations.

Enfin, le moment est bien choisi : nos régimes de retraite n’ont pas (plus) de problème d’équilibre financier majeur, c’est donc le moment de réformer sans baisser globalement les droits, mais en ciblant mieux les nouveaux besoins sociaux, notamment liés à la montée de la précarité.

C’est précisément ce que permet un régime en points.

Premier atout d’un tel régime, c’est plus facile à comprendre. Avec les points, on a une lecture directe de ses droits : il suffit de multiplier le nombre de points acquis par le prix du point et on connait le montant annuel de sa retraite.

Chacun peut d’ailleurs le vérifier en consultant son espace retraite personnel. Car d’ores et déjà, les retraites complémentaires du privé (Arrco-Agirc) sont en points, tout comme le régime additionnel de la fonction publique (Rafp) !

Deuxième avantage, c’est plus juste : chaque heure travaillée donne droit à des points. Aujourd’hui pour la retraite de base de la sécurité sociale, il faut gagner au moins 5928 euros brut par an pour valider 4 trimestres de cotisation. Dis autrement, aujourd’hui, les précaires et les petits temps partiels peuvent cotiser … à fonds perdus pour leur retraite ! un comble.

C’est plus juste aussi parce qu’on peut mieux cibler les situations dans lesquelles on veut faire jouer la solidarité en attribuant des points gratuits : la naissance d’un enfant, une période de chômage, ou un travail pénible. C’est possible sans les points, mais plus complexe, car on compense tantôt des durées d’assurance, tantôt des montants de retraite. Bien malin celui qui comprend à quoi il a droit !

Autre avantage, le coût de ces points de solidarité n’est pas noyé dans la masse des règles du régime, on peut donc flécher des financements dédiés. Il sera ainsi possible de maintenir des droits spécifiques pour certains métiers de la fonction publique comme les pompiers ou les policiers, en les faisant financer par l’Etat, et pas par l’ensemble des cotisants du régime.

La critique la plus répandue consiste à prétendre qu’on n’aura jamais assez de points pour avoir une retraite correcte … un procès instruit avec une parfaite mauvaise foi… que l’on cumule des annuités ou des points ne change rien. Quelle que soit la méthode, Il faut cotiser un certain montant sur une durée assez longue pour avoir une retraite correcte. A ce jour, on sait que la cotisation du futur régime sera calée sur ce qui existe dans le privé, et que l’âge légal ne changera pas … donc les niveaux de pension seront semblables. Il peut en revanche être intéressant de permettre aux personnes de choisir de partir plus tôt ou plus tard avec un peu moins ou un peu plus de retraite…. Mais ça aussi ça existe déjà !

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Certaines critiques du régime en points viennent de ce qu’il s’agit d’un régime à cotisation définie (je ne connais à l’avance que le montant de ma cotisation), alors qu’aujourd’hui la retraite de la sécurité sociale est à prestation définie (je sais que j’aurai en retraite 50 % de mon revenu d’activité). Mais cette distinction est largement dépassée, car en réalité, dans chacun de ces régimes, toutes les règles peuvent évoluer : le montant ou la durée des cotisations, la pension à venir … ainsi dans le régime de base de la sécurité sociale on est passé de 50 % des dix meilleures années, à 50 % des vingt-cinq meilleures années, et on a sous-revalorisé les droits acquis…la pension réelle a donc baissé.

La seule question importante c’est : qui décide de faire évoluer les règles ? sur quels critères ? mais ça c’est une autre histoire, celle de la gouvernance et du pilotage du futur régime. A suivre …

2 commentaires sur “« La retraite par points, c’est le travail sans fin » ?

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